Un projet suisse s’intéresse au sorgho, du champ à l’assiette
Lancé cette année pour trois ans, le projet suisse Risorgo vise à caractériser une quinzaine de variétés de sorgho pour documenter, d’un point de vue technique et économique, toutes les étapes de production et de transformation des aliments fabriqués à partir de cette céréale. Monia Caramma, chercheuse en alimentation durable, et partenaire du programme, nous en dit plus.
Les premiers semis ont eu lieu ce printemps dans le Tessin, la partie méridionale de la Suisse, une région au climat doux, proche de celui du nord de l’Italie. « Une quinzaine de variétés de sorgho ont été retenues pour ce programme de recherche, d’une durée de trois ans, explique Monia Caramma, chercheuse en alimentation durable. Des génétiques issues des principales entreprises internationales de semences : Advanta, Lidea, KWS, RAGT et Venturoli. Quatre de ces variétés seront semées sur 1 ha, chez un agriculteur : les autres le seront sur des surfaces plus petites. Cela nous permettra d’observer les aspects agronomiques, de calculer les coûts de production, d’affiner l’itinéraire technique… pour donner des réponses précises aux agriculteurs qui hésitent encore à se lancer dans la culture du sorgho. »
Lever certains freins dans les process de transformation
Mais ce n’est pas tout ! En collaboration avec l’industrie agroalimentaire locale, la récolte de ces parcelles sera ensuite séchée, décortiquée, gélatinisée, broyée et transformée en pulpe. « Car l’idée de ce projet est non seulement de s’intéresser aux atouts agronomiques et nutritionnels de ces variétés de sorgho mais aussi d’affiner les process de transformation. L’enjeu : aboutir à la fabrication de pâtes et ouvrir la voie à d’autres produits alimentaires comme des biscuits, des boissons végétales, des produits snackés ou autres, précise-t-elle. Deux étapes s’avèrent souvent limitantes : la dégradation des acides gras et la gélatinisation. Lever ces freins nous permettrait de séduire un peu plus les entreprises de l’industrie agroalimentaire. Nous traiterons les lots récoltés comme si nous étions dans un département de R&D alimentaire. Aucune donnée ne sera négligée. » Ce projet se veut non seulement une démonstration de faisabilité pour les agriculteurs mais aussi une invitation pour l’industrie agroalimentaire à s’intéresser au sorgho. « La première année, nous fabriquerons des pâtes sèches afin de mesurer les valeurs d’élasticité du sorgho gélatinisé, poursuit-elle. Aussi banal que cela puisse paraître, les pâtes sèches sont parmi les produits les plus difficiles à fabriquer sans l’aide d’émulsifiants et de liants. Là, l’objectif est de transformer 100 % de sorgho, sans aucun additif. »
Un projet multipartenaire
« Le projet Risorgo est né d’une initiative que j’ai concertée avec Agroscope, le centre de compétence du gouvernement fédéral pour la recherche agronomique, et Agridea, un centre de compétence indépendant actif dans le secteur agricole suisse et le service de vulgarisation agricole du canton du Tession, détaille Monia Caramma. Nous avons demandé des fonds pour le projet en participant à des appels d’offres de l’Office fédéral de l’agriculture (Ofag). De son côté, Sorghum ID nous aidera à calculer les coûts de production. »